Storicamente. Laboratorio di storia

Dossier

Noircir Mai 68. L'exemple de «Paris Match», mai-juin 1968

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Introduction

Cet article[1] se propose de revenir sur le traitement visuel des événements de Mai 68 au moment de leur actualité (printemps 1968) par la presse française. En se centrant sur«Paris Match», magazine illustré d’actualités dominant d’alors, notre description et analyse des photographies publiées et de leurs modes de publication souhaite permettre d’observer comment les représentations visuelles interviennent dans la compréhension et l’écriture d’un événement historique; ou comment elles participent d’un discours sur les événements. En effet, principalement trois news d’actualités français sont susceptibles d’utiliser la photographie en 1968: L’Express, Le Nouvel Observateur et «Paris Match». Ce dernier règne en une suprématie peu sérieusement discutée: son tirage est trois fois plus important que celui des deux autres titres. Et surtout, le rapport de ce magazine à la photographie est unique et déterminant pour l’image de presse car «Paris Match» confie une grande partie de ses reportages – de ses récits – à la photographie; ce qu’il revendique comme une spécificité.

Au printemps 1968, «Paris Match» publie plusieurs reportages sur ce que la rédaction nomme d’abord «les événements étudiants» et auxquels elle consacre quatre numéros consécutifs, durant les mois de mai et juin 1968. Ces quatre numéros racontent à des moments différents les mêmes événements en en construisant trois récits distincts. Dans un premier temps, ceux-ci sont (re)présentés comme essentiellement insurrectionnels. Pour ce faire, la rédaction a recours à un usage de la photographie définie alors comme «image spectacle». Puis, dans un second récit, ces événements semblent prendre une dimension historique – ils semblent déjà être passés à l’Histoire – bien qu’ayant menacé la France d’une guerre civile. Un troisième récit de la part du magazine, et à l’heure du second tour des élections législatives de juin 1968, présente enfin ces événements de mai sous la forme d’un nouvel épisode de l’épopée de Charles de Gaulle. L’image – à laquelle est parfois intégralement délégué le récit des événements – participe activement à la construction de ces trois récits. Chaque fois, la complexité du mouvement, en particulier dans sa dimension sociale (ou sociétale), et certains de ses acteurs sont évacués du récit comme du cadre des images. Les choix de la rédaction d’une iconographie en couleur ou d’une iconographie en noir et blanc s’avèrent, par ailleurs, tout particulièrement significatifs: ils révèlent combien la dimension documentaire des photographies n’est pas la seule motivation ou intention de leur usage.

Traitement des événements par «Paris Match»: présentation

Avant le mois de mai, les événements dits de «Mai 68» aujourd’hui sont à peine mentionnés dans «Paris Match» et ils ne font en aucun cas la couverture du magazine.

Du 6 avril au 11 mai – n°991 à 995 inclus –, ces mentions sont irrégulières, courtes et rarement mises en valeur. Elles sont parfois accompagnées d’une photographie dont le rôle est essentiellement illustratif. Il faut attendre le n°996 du mercredi 11 mai 1968 – au lendemain de la première nuit des barricades et après les événements du 6 mai – pour que plusieurs pages y soient consacrées: le magazine parle alors d’événements «étudiants». Il n’est pas encore fait mentionde la nuit du 10 mai et ces pages insistent sur les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre autour de la Sorbonne lors de la journée du 6 mai. Ce décalage est principalement dû au rythme des rédactions, en l’occurrence, un hebdomadaire.

Suite à ce premier reportage de plusieurs pages, quatre numéros consécutifs de «Paris Match» – les n°997 à n°1000 – vont titrer en Une – photographie de couverture à l’appui – sur ces événements en les reprenant dans un reportage de plusieurs dizaines de pages à chaque fois. Ils seront, par ailleurs, de plus en plus conséquents.

Le premier de ces quatre numéros sort le 18 mai 1968 dans la continuité éditoriale du magazine. Pendant trois semaines, «Paris Match» ne paraît pas. Puis, les numéros 998, 999 et 1000 reprennent le rythme hebdomadaire du magazine: 22 juin, 29 juin et 6 juillet 1968. Le premier, pour reprendre les gros titres, est consacré aux «journées historiques»; les deux autres à «l’histoire d’une révolution 1 et 2» puisque celle-ci est racontée en deux reportages. Chacun de ces trois derniers numéros se place ainsi dans une perspective historique.

Pour chacun, ce sont à peu près les mêmes reporters-photographesqui sont crédités: photographes de «Paris Match» tels qu’André Sas, Georges Melet, Michel Piquemal, Patrice Habans… ou photographes des principales agences de l’époque – Magnum (Bruno Barbey, par exemple), Gamma (Gilles Caron, Henri Bureau…). Seules les photographies d’agence sont, en général, clairement attribuées à leur auteur.

L’image-spectacle: une insurrection étudiante

C’est dans le n° 996 du 11 Mai 1968 que «Paris Match» consacre son premier reportage de plusieurs pages – exclusivement photographique et exclusivement en noir et blanc – à ce que la rédaction nomme les «événements étudiants» en France. Le magazine n’en fait cependant pas sa Une et ces événements sont relatés assez tard dans la pagination (pages 112 à 116). La ligne éditoriale de ce reportage sera reprise et développée dans le numéro suivant pour lequel la «révolte étudiante» fera la couverture pour la première fois. «Révolte», «émeute», tout participe à la construction d’une représentation et d’un récit de ces événements sur le registre de l’insurrection.

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© «Paris Match» n° 996 du 11/05/1968

Les photographies, abondantes et très majoritairement en noir et blanc, assument leur rôle «d’images-spectacle», constitutif de leur usage dans les magazines, ainsi que l’a démontré Thierry Gervais. Dans un article consacré à l’invention du magazine[2], il insiste sur cette dimension de spectacle par les images: «avec ces mises en pages, l’hebdomadaire s’adresse à un spectateur bien plus qu’à un lecteur» (p. 54) […] «[il s’agit de] «vivre [l’espace central] comme un spectacle plutôt qu’un moment de lecture» (p. 58) […]. Il conclut «Le modèle de légitimation de l’usage des images se déplace alors clairement des beaux-arts vers le cinéma» (p. 63), «L’invention du magazine repose sur un usage quasi exclusif de la photographie et de la similigravure. […] [et cette] nouvelle gestion de l’information visuelle vise à produire simultanément du sens et du spectacle» (p. 66). Et Joëlle Beurier confirme: l’essence même du magazine est de produire du sens et du spectacle en ayant recours au médium photographique. Dans son article «L’apprentissage de l’événement – «Le Miroir» et la Grande Guerre», elle insiste (à partir d’un autre corpus): «En tâtonnant, Le Miroir a découvert le pouvoir intrinsèque des photographies, cette propension à déclencher des émotions particulières, non pas celles que l’on éprouve face à l’événement, mais celle que le lecteur ressent face à son spectacle.»[3].

Le traitement visuel que réserve «Paris Match» aux événements «étudiants» est ainsi caractérisé par des photographies avec pas ou très peu de profondeur de champ; pas ou très peu de hors-champ (qui permettrait la prise de recul: le lecteur est, au contraire, précipité dans la violence des affrontements); une majorité écrasante de photographies en noir et blanc, mises en valeur par leur format, le plus contrastées possible et à des emplacements stratégiques dans le reportage ; la répétition des mêmes gestes ou de mêmes attitudes dans les images (lancer de pavé, coups, blessés portés par des camarades, arrestations); le choix de protagoniste isolé (plutôt que d’images de foule); une insistance sur le duel entre forces de l’ordre et étudiants.

De même que le propos ne dépassera pas le cadre des affrontements étudiants, les photographies de ce reportage ne prendront jamais de champs, restant focalisées sur le face à face entre étudiants et forces de l‘ordre. Le spectacle que construit ici «Paris Match», par la photographie, est celui d’une révolte, étudiante, en jouant sur l’ambiguïté des connotations que le terme «insurrection» peut prendre. Ce reportage, par sa construction, prétend contextualiser les faits – qu’il réduit pourtant essentiellement à l’épisode de la nuit des barricades– en revenant sur les événements passés. Mais les images construisent, au contraire, deux temps pratiquement repliés sur eux-mêmes, décontextualisés et comme «arrêtés» dans le temps. Non pas faire prendre du recul et inscrire ces affrontements dans une perspective plus large – un discours politique, des événements en cours –, les photographies limitent le regard du lecteur aux affrontements du quartier Latin.

© «Paris Match» n° 997 du 18/05/1968
© «Paris Match» n° 997 du 18/05/1968

La photographie de couverture le place d’ailleurs au cœur de la bagarre. La photographie noir et blanc qui ouvre le reportage le plonge dans la violence: un policier lance un projectile en direction d’une barricade en feu au second plan. La photographie qui clôt le reportage, en double page elle aussi[4], est la célèbre photographie de Gilles Caron de l’étudiant poursuivi par un policier lors de la nuit du 6 mai et sur le point de se faire tabasser. Elle replonge le lecteur dans la nuit (c’est la seule photographie de nuit du 6 mai) et referme ce reportage sur l’idée d’«affrontements» et de «violence». Le discours est fermé, clos sur une seule idée: on se bat dans les rues de Paris.

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© «Paris Match» n° 997 du 18/05/1968

Mais plus encore, dans ces usages des photographies qui construisent un discours sur les événements représentés, le choix – exclusif – du noir et blanc pour le n° 998 et celui – dominant – de la couleur dans les deux numéros suivants (n°999 et n° 1000) s’avèrent particulièrement signifiants, à l’heure où les élections législatives s’engagent.

Un mouvement «passé à l’Histoire»: un numéro exclusivement en noir et blanc

Le deuxième numéro – n° 998 du 15 au 22 juin 1968[5]– que «Paris Match» consacre aux événements de Mai 68 s’intitule: «Les Journées historiques – Des Barricades aux élections – Toutes les photos». Ce titre traduit la volonté du magazine de ne plus seulement faire un reportage sur ces événements mais de proposer une rétrospective de ces journées qualifiées d’historiques. Publié à la mi-juin 1968, alors que de nombreux mouvements de grève se poursuivent, «Paris Match» construit son numéro sous la forme du bilan. Et il s’agit de reprendre l’ensemble des événements des dernières semaines pour raconter le passage d’une situation anarchique et insurrectionnelle – les «barricades» – au retour à une démocratie digne de ce nom et bien ordonnée, bien organisée – les «élections». Car le premier tour des élections législatives est proche.

Ce numéro se caractérise par sa volonté d’inscrire les événements de Mai 68 dans une dimension – et une temporalité – historiques. Il ne s’agit plus seulement d’un point ou d’un lieu mais d’un ensemble de faits retransmis et organisés sous la forme d’un récit en plusieurs chapitres. Or, dans cette construction, les photographies vont jouer un rôle majeur car l’usage – unique et volontaire – de photographies en noir et blanc installe les événements dans un temps passé: le temps de l’Histoire. Et cette mise à distance visuelle, qui coupe ces événements du présent, se joue dès la couverture[6].

© «Paris Match» n° 998 du 22/06/1968
© «Paris Match» n° 998 du 22/06/1968

Le Choix significatif d’une photographie noir et blanc en couverture

La photographie choisie représente une barricade: le photographe est derrière celle-ci avec les étudiants, un peu au-dessus d’eux, ce qui lui permet de donner de la profondeur de champs à son image (légère plongée). Au second plan, on reconnaît la silhouette d’une rangée de CRS (casques et boucliers). Entre les deux, la rue est parsemée de pavés lancés avec un nuage de fumée sur la gauche du cadre. Il fait nuit: le grain de la photographie est assez gros, les lampadaires allumés font des taches blanches dans l’image qui est plutôt contrastée dans l’ensemble. Comme annoncé, le magazine semble reprendre son récit là où il l’avait interrompu dans le numéro précédent, à savoir aux «barricades».

Pourtant, depuis ses débuts, la très grande majorité des photographies choisies et publiées en Une de «Paris Match» sont en couleur; le plus souvent, c’est un portrait. Comparer les Unes de «Paris Match» permet de se rendre compte que le recours au noir et blanc en couverture s’accompagne d’un ton solennel et que les numéros en question concernent en général des sujets dont l’importance historique est soulignée[7]. Lorsque la photographie de couverture de «Paris Match» est en noir et blanc, elle révèle un choix significatif et intentionnel de la part de la rédaction.

En 1968, trois numéros ont une photographie de Une en noir et blanc: les n°1018 du 9/11/1968 «1918 histoire d’une victoire»; n°1021, du 30/11/1968 «Le défi du Général»; et, entre ces deux numéros, le n°998 du 22/06/1968 «Les Journées historiques – Des barricades aux élections».

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© PM1018 du 09/11/1968 © PM1021 du 30/11/1968

À titre de comparaison, en 1967, trois numéros de «Paris Match» avaient une photographie de couverture en noir et blanc: le retour de Jackie Kennedy juste après l’assassinat de son mari; les quatre hommes politiques phare du deuxième tour des élections législatives de 1967 en France; «La mort de Staline racontée par sa fille».

© PM933 du 25/02/1967
© PM933 du 25/02/1967
© PM936 du 18/03/1967
© PM936 du 18/03/1967
© PM962 du 16/09/1967
© PM962 du 16/09/1967

Et en 1966, seuls deux numéros bénéficiaient d’une photographie de Une en noir et blanc: le n° 910 du 17/9/1966titré «La bataille d’Angleterre, un grand récit historique» et le n° 920 du 26/11/1966 intitulé«le mystère Kennedy».

Pour ce qui est de l’année 1969, les couvertures de «Paris Match» sont toutes en couleur. Il faudra attendre le n°1369 du 23/08/1975, soit plus de six ans, pour retrouver une photographie de couverture en noir et blanc: «Portugal, nos reporters racontent». Puis le n°1376 de la même année (11/10/1975) titré «Peut-on laisser mourir la presse?».

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On peut remarquer, enfin, que ce n° 998 du 29 juin 1968 est le seul numéro de «Paris Match» annonçant un reportage ou un dossier sur les événements dits de Mai 68 qui propose une photographie de couverture en noir et blanc. Il est vrai que le numéro spécial consacré à mai 68 en 1988 utilisera lui aussi une photographie noir et blanc: la «Marianne de 68», par le photographe Jean-Pierre Rey.

© PM 2036 de mai 1968
© PM 2036 de mai 1968

Cependant, elle relève ici d’un autre usage de l’image. Dans le premier cas, il s’agit de l’usage d’une photographie noir et blanc de reportage qui souhaite rendre compte de l’événement dans le vif de son actualité. Dans le deuxième cas, à l’heure de la commémoration des 20 ans des événements, la photographie est choisie pour ce qu’elle est devenue: à savoir une icône de Mai 68, une image symbole dont le contenu «documentaire» n’est plus la première vertu.

Rapprochement de deux événements historiques par le choix de la maquette

Et plus encore, si le choix d’une photographie en noir et blanc en Une du numéro consacré aux événements de Mai 68 est déjà significative en elle-même, on peut remarquer, de plus, que la maquette de cette couverture ressemble beaucoup à la couverture d’un autre numéro de «Paris Match»: le n° 630 du 6 Mai 1961 titré «La Rébellion d’Alger».

© PM998 du 22/06/1968
© PM998 du 22/06/1968
© PM 630 du 06/05/1961
© PM 630 du 06/05/1961

La mise en page de ces deux numéros – une photographie noir et blanc sous un large bandeau noir sur lequel s’affiche le titre en capitales – est identique, à la couleur du titre près. Cette similitude visuelle crée ainsi un rapprochement entre certains événements. Si le cadrage de la photographie n’est pas le même, il s’agit dans un cas d’une rébellion et de l’autre d’événements que le magazine a toujours souhaité (jusqu’alors) présenter sous l’angle de la révolte et de l’insurrection. Le rapprochement avec la guerre d’Algérie, plusieurs fois convoquée dans les articles, est ici construit par l’usage des photographies et renvoie à une utilisation plutôt négative du terme «révolte» (troubler l’ordre public et non pas se mobiliser contre une injustice). Un tel rapprochement par l’image n’est pas anodin: cette mise en page n’a été, en effet, utilisée que deux fois auparavant, en 1959 et 1960. Et l’on ne retrouvera cette maquette de Une ni avant ni après le numéro du mois de juin 1968. En 1959, la Une renvoyait à l’accident de Frejus, lors de la rupture du nouveau barrage de Malpusset; le numéro de 1960 renvoyait au tremblement de terre d’Agadir (29 février 1960). Tous deux couvrent donc deux catastrophes naturelles de très grande ampleur et particulièrement spectaculaires qui ont marqué les esprits.

On peut enfin noter qu’en ce début des années 1960, comme dans la fin des années 60, très peu de «Paris Match» avaient une photographie de couverture en noir et blanc. On ne trouve que deux numéros pour l’année 1961: le numéro 655, du 28 octobre 1961, titré «nuit trouble à Paris»; le numéro 661 du 9 décembre 1961 qui titre sur la naissance de David, le fils de Margaret d’Angleterre. Cette dernière couverture correspond à un usage unique du noir et blanc en couverture: même à considérer cette naissance comme un événement hautement historique, la photographie baigne dans la douceur quand les autres couvertures en noir et blanc renvoyaient plutôt à des événements dramatiques, que le noir et blanc contribuait précisément à dramatiser. En 1962, toutes les couvertures des numéros étaient en couleur, y compris celle du n° 678 consacrée à l’Algérie. Et, en 1963, une seule couverture arbore une photographie en noir et blanc: un portrait de John Kennedy sur fond noir fait la Une du n° 764 du 30/11/1963 titré «la mort de Kennedy».

Avant l’année 1968 comme après, une photographie noir et blanc en couverture de «Paris Match» résulte toujours d’un choix délibéré et particulièrement significatif: il est le signe d’une solennité certaine de la rédaction face à un événement; événement reconfirmé pour sa part dans sa dimension historique. Aussi, ce choix pour traiter des événements de Mai 68 en cette fin de mois de juin 1968 témoigne-t-il de l’importance que le magazine accorde à ces événements. Par ailleurs, le choix de cette mise en page, qui crée un parallèle entre les événements de Mai 68 et le désir d’indépendance de l’Algérie, révèle le sérieux avec lequel la rédaction envisage les événements de Mai 68. Et ces rapprochements visuels convoquent plutôt des imaginaires liés à des événements guerriers. Dans un moment où le pouvoir du Général de Gaulle est très directement remis en cause, «Paris Match» choisit de présenter ces événements du moi de mai – par les mots comme par les images – comme des événements passés à l’Histoire, dépassés et menaçants. Un choix probablement très stratégique, voire politique.

Un reportage intégralement en noir et blanc

Car, troisième point significatif quant à l’usage des images, les cinquante pages (pp. 55 à 106) de ce reportage consacrées aux fameuses «journées historiques» sont intégralement construites avec des photographies en noir et blanc. Si le magazine titre «Toutes les photos», il exclut cependant toute photographie couleur de son reportage, alors même qu’il en existe. Il en a d’ailleurs déjà publié plusieurs. Aux côtés du sommaire, la rédaction signe pourtant un encart qui lui permet d’expliquer l’augmentation du prix du numéro (1,5 fr. à 2 francs) et qui est l’occasion de redire les ambitions du magazine: «Dès sa naissance, «Paris-Match» a conçu une grande ambition. Tenant à l’écart la démagogie du sexe et du sang, celle de faire un magazine de haute culture apportant aux couches profondes de la France une image fidèle et noble du monde[8]. Pourtant, ce numéro ne semble pas répondre exactement à ces ambitions. D’une part, il relègue ces événements récents dans un passé: ils sont déjà «historiques». Ce que confirme l’effet produit par les photographies exclusivement noir et blanc. Et il affirme, d’autre part, son soutien au général de Gaulle.

La rubrique d’ouverture du magazine – «Le Match de la vie» – est entièrement consacrée à «Ces 20 journées incroyables de mai 1968 qui ébranlèrent la France et le Gaullisme»[9]. Ce récit est illustré par treize photographies en noir et blanc, de petit format et construit la figure de de Gaulle comme étant l’homme de la situation. L’article reprend les procédés de l’épopéeet insiste essentiellement sur la difficulté de l’épreuve – à quoi sont ramenés les événements de Mai 68 – et sur la solitude du président. Ainsi, l’importance de l’obstacle, démesuré et insurmontable (recours à l’hyperbole), rejaillit–il sur le héros et affermit sa gloire[10]. Le ton est donné: cette première rétrospective traitera les événements de ce mois de mai 1968 en 9 «chapitres» construisant un premier récit dont les orientations politiques sont claires: «le grand défilé du 13 mai (1); la grève s’étend(2); la Sorbonne ouverte à tous (3); les jeunes redescendent dans la rue(4); accords rue de Grenelle (5); le gouvernement est sombre (6); Marée tricolore aux Champs-Élysées (7); Flins, bataille dans les blés (8); Encore une «nuit terrible»(9)» (p. 54). Des photographies en double page ponctuent chacun de ces chapitres. La grande majorité des photographies de ce reportage sont des photographies désormais connues et elles font partie de ce qui s’est constitué depuis comme le «réservoir visuel» classique de Mai 68: bagarres, manifestations, masse d’étudiants dans la cour ou les amphithéâtres de la Sorbonne, piquets de grèves, effets des grèves (tas de cagettes ou queues pour se ravitailler), photographie d’Henri Bureau du retour de de Gaulle (entre hélicoptère et DS) de son voyage à Baden-Baden etc. «Réservoir visuel» qui pose aujourd’hui directement la question de la circulation des images. Et, pour donner un exemple, alors que les images les plus souvent reproduites de la manifestation de soutien à de Gaulle du 30 mai sont en couleur – elles rendent mieux comptent de la «marée tricolore» –, ce numéro en publie des photographies en noir et blanc (p. 94 à 96).

Car si le magazine semble reprendre le récit des événements là où il l’avait interrompu (n°997), le ton n’est plus le même. Il n’est pas fait mention des débats politiques et, surtout, le principe de la rétrospective lui permet de considérer, d’une part, que l’épisode est terminé – certains mouvements de grève se poursuivent pourtant – et d’affirmer, d’autre part, que de Gaulle a été particulièrement digne d’une situation retranscrite comme insurrectionnelle et dangereuse pour la stabilité du pays. Ce deuxième point préparant les élections législatives du 23 et 30 juin.

Or, après ce numéro consacré aux événements de Mai 68 et déjà conséquent, «Paris Match» sort, coup sur coup, deux autres numéros qui en proposent, sur deux semaines consécutives, un troisième récit. Structuré en deux chapitres, il relate l’histoire de ce qui est désormais devenu «une Révolution»… C’est sous la forme d’un nouvel épisode de la grande épopée du général de Gaulle, (re)confirmé dans son pouvoir par des élections législatives bien engagées, que «Paris Match» raconte cette fois-ci les événements de Mai 68. Il s’autorise alors franchement la couleur et la proximité qui en découle avec un événement désormais dépassé, renvoyé à l’histoire, mais dont il s’agit de conserver une information déterminante en vue des élections législatives à venir: le général de Gaulle a été l’homme de la situation, il est donc digne de gouverner le pays, encore.

«L’Histoire d’une révolution» ou un nouveau chapitre de l’épopée du Général de Gaulle: l’affirmation par la couleur

© PM 999 du 29/06/1968
© PM 999 du 29/06/1968
© PM n° 1000 du 06/07/1968
© PM n° 1000 du 06/07/1968

La couleur et faire le lien avec le présent: de Gaulle est l’homme de la situation

Dans ce troisième récit, en deux volumes, chacun présenté comme indispensable pour la mémoire des événements[11], les photographies en couleur vont, en effet, très nettement dominer. «Les journées de mai – Nos documents couleur. Un grand récit» promet le n° 999: trente-huit photographies sont en couleurs pour quarante et une en noir et blanc dans ce numéro. Elles représentent pratiquement la moitié des images publiées et, surtout, elles sont toujours mises en valeur, publiées en pleine-page ou en double-page. Dans le n° 1000, on compte trente photographies en couleurs pour vingt-quatre en noir et blanc et, là encore, ce qui fait véritablement la différence est leur traitement dans la mise en page(pleine-page ou double-page pour les unes; petits formats pour les autres).

Ce récit est construit en huit épisodes (5 + 3) et montre une tendance nette à «l’hagiographie», préférant distinguer certaines figures du pouvoir – y compris syndicale – alors même que les événements de Mai 68 en contestait la légitime représentativité: «Nanterre», «Sorbonne», «Pompidou», «Seguy», «de Gaulle?» pour le n° 999 ; «de Gaulle», «Nuit de flammes» et «reflux» pour le n° 1000. La césure correspond à la veille de la manifestation (le 30 mai) de soutien au général pour ce qui est des événements récents mais passés. Elle correspond aussi, dans l’actualité de la publication, au deuxième tour des élections législatives. La superposition des deux moments se manifeste dans les titres «de Gaulle?» et «de Gaulle»entre les deux publications et que seul le point d’interrogation distingue: entre les deux, le ton a changé et la rédaction ne cache pas sa satisfaction.

D’une façon générale, l’ensemble du numéro du 29 juin donne une place encore prépondérante aux «journées de mai». La plupart des pages de la rubrique d’ouverture «Le Match de la vie» sont consacrées à ces événements. On peut noter un reportage sur les élections législatives du 23 juin (pp. 78-86). Le ton n’est pas encore triomphant – il reste un tour – mais est déjà confiant. C’est à la suite de ce reportage que commence le reportage «Histoire d’une révolution». Le n° 1000 du 6 juillet 1968, quant à lui, triomphe. L’édito revient sur le millième anniversaire du magazine; la rubrique «Le Match de la vie» ne parle pas directement des «journées de mai». Un article de dix pages revient sur le triomphe des élections: «De Gaulle par la volonté nationale» (pp. 62 à 72). À la suite de ce reportage, s’ouvre le chapitre 2 de cette «Histoire d’une révolution», cette épreuve à laquelle le Général a su, une fois de plus, faire face.

L’édito qui fête ce n°1000 est l’occasion pour «Paris Match» de réaffirmersa déontologie. Il est un «magazine d’information», qui s’est toujours donné pour mission «d’apporter sur tous les efforts humains des documents intacts». «La fierté de «Paris Match» [conclut la rédaction] est d’être resté fidèle à [cette] formule. Le sens de son succès, matérialisé par son immense tirage, est d’être réellement l’hebdomadaire d’une nation.[…] Sans rien abdiquer de son indépendance, sans sombrer dans le sang et la sexualité, sans se contraindre à une pâle neutralité devant les grands problèmes contemporains, ««Paris Match»» a percé les plafonds et les planchers qui séparent les catégories sociales. C’est le sens même de son destin.»[12].

Événement métaphore visuelle d’un autre: la reconquête du pouvoir par de Gaulle

L’usage fait des images dans ces deux numéros – et la représentation visuelle des événements qu’elles construisent – ne coïncident cependant pas exactement avec ces affirmations quant à une forme d’objectivité du magazine dans sa volonté de documenter les événements. Au-delà du choix pleinement assumé de la couleur – actualiser ces événements et les montrer sous un jour moins dramatique ne semble plus être plus un problème –, un jeu s’installe grâce à l’usage des images entre trois événementsqui vont ainsi «parler» les uns des autres: les journées de mai, les élections législatives de juin, la transatlantique en solitaire.

En effet, sous son gros titre principal, la couverture du n° 999 arbore deux autres gros titres: «Élections – de Gaulle gagne le premier tour. Nos reportages exclusifs»; «Joan de Kat: le drame du trimaran brisé par l’Atlantique». Fin juin 1968, les élections législatives représentent l’enjeu principal du moment pour le magazine et «Les journées de Mai» ou «L’histoire d’une révolution» semblent bien davantage appuyer le président dans sa «reconquête» du pouvoir que répondre à une vocation documentaire réelle. Quant à la course marine, elle va fonctionner comme métaphore de cette «reconquête». Deux photographies se répondent en un jeu de face à face: une femme habillée de rouge brandit un drapeau rouge à côté de la photographie d’une autre jeune femme qui brandit le drapeau tricolore. Ce champ contrechamp, entre une photographie de la manifestation des grévistes du 29 mai et celle de soutien au président de Gaulle du 30 mai, ajoute du symbolique à cette couverture: faudrait-il choisir entre ces deux «Marianne», face à face, une seule étant véritablement légitime dans cette symbolique?

La couverture du numéro suivant reprendra exactement les deux mêmes parallèles. Grâce aux titres d’abord: «Après les élections – Les Secrets du général» et «vainqueurs et naufragés solitaires de l’Atlantique»; mais surtout par la richesse de la photographie de couverture. L’événement marin occupe photographiquement la couverture mais celle-ci renvoie symboliquement aux autres événements: l’épreuve serait les événements de Mai 68et la victoire, celle de de Gaulle. Le drapeau tricolore (accroché au bateau) occupe la moitié de l’image (par ses couleurs bleue et blanche, principalement). Le visage d’une jeune femme en ciré rouge vif occupe le reste de l’image, la légende indiquant: «Seule femme de la course en solitaire, l’Allemande Edith Baumann 26 ans. Un bateau de guerre français l’a sauvée après 19 heures d’angoisse». Par sa composition, cette photographie génère une confusion et renvoie inévitablement aux événements – de jeunes – de Mai 68. Et elle en désigne les «vainqueurs» et les «naufragés» – pour reprendre les mots du titre.

Ainsi, les n° 999 et 1000 racontent l’«Histoire d’une révolution 1 et 2» pour mieux rendre hommage à la grandeur de de Gaulle. Leurs Unes – tout comme la dernière photographie de chacun de ces deux chapitres – fonctionnent résolument ensemble en usant non pas de la valeur documentaire d’une image mais de son potentiel métaphorique.

© PM 999 du 29/06/1968
© PM 999 du 29/06/1968
PM n° 1000 du 06/07/1968
PM n° 1000 du 06/07/1968

Un portrait couleur du général, publié en pleine page (seules quatre photographies sont en pleine page sur les quarante pages du reportageet aucune photographie ne fait l’objet d’une double page) ferme le premier chapitre (n°999, p. 126). Le Général replace – au sens propre… – une mèche rebelle. La légendeindique: «Va-t-il abandonner? De Gaulle rentré de Roumanie annonce un référendum. Mais il dit: «J’ai misé à côté de la plaque.» Le 29, soudain il disparaît…». En face de ce portrait, reprenant le parallèle utilisé en Une entre deux événements – l’un servant de métaphore à l’autre grâce aux images et au montage dont elles font l’objet – une photographie en noir et blanc de la transatlantique en solitaire est titrée: «De Kat sauvé des eaux».

«Paris Match» n°1000 complète et termine cette «histoire d’une révolution» en s’appuyant sur la même métaphore et le montage de la double page qui ferme ce récit rejoue à l’identique le montage du numéro précédent: de Gaulle n’est plus seulement «sauvé des eaux» si l’on en croit les associations dues à ces montages mais fait partie des gagnants, en un retour à la démocratie que suggère le geste du Général. Et la légende souligne ce lien: ««Élections, trahison», criaient les «Enragés». Mais le 23 juin, pas un seul incident. Le général est venu voter à Colombey. Le soir même, il sait qu’il a gagné.»

Conclusion

Quatre numéros consécutifs consacrés aux événements de Mai 68: «Paris Match»ne prend pas ces événements à la légère. Les reportages – très largement photographiques – que le magazine en propose les racontent en trois récits différents et les intentions de ces trois récits se traduisent dans les intentions graphiques du magazine: choix des images publiées, montage de ces images et, plus particulièrement encore, choix du noir et blanc ou de la couleur. Celles-ci ne sont pas seulement utilisées pour leur seule vertu documentaire et jouent avec l’imaginaire du lecteur, symbolisent ou fonctionnent comme des métaphores: elles servent le discours politique du magazine. Claude Cookman parle de «story-telling images» à propos des photographies de Gilles Caron[13]. Les choix techniques des photographes influent dans la réception des images. L’histoire du médium, ses contraintes techniques (qui fluctuent) et la circulation médiatique des images participent nécessairement à cette écriture visuelle des faits. En l’occurrence, les événements de Mai 68 ont à voir avec l’esthétique dominante du photoreportage des années 1970. Car, cette écriture visuelle des événements résulte tout autant des intentions des rédactions des magazines dans lesquels elles sont publiées. Elles génèrent une circulation de certaines images, dominantes souvent, exclusives parfois.

Réagissant à ce qu’ils ont nommé un «bégaiement iconographique»[14] alors même que l’historiographie de Mai 68 est en cours de renouvellement, Vincent Lemire et Yann Potin – avec d’autres – travaillent à la mise en valeur du fonds de photographies du journal L’Humanité. L’un des apports – très important – de ces photographies est qu’elles proposent une autre écriture visuelle de Mai 68, ne serait-ce qu’en faisant entrer, bien sûr, d’autres acteurs dans le cadre. Mais plus encore, cette démarche est aussi le signe d’un besoin d’images pour ces historiens: «[…] [il s’agit de] considérer l’événement 68 comme un événement photographique et pas seulement comme un événement photographié. C’est-à-dire, considérer les photographies de l’événement 68 non pas comme le reflet de l’événement mais comme un élément constitutif – ô combien constitutif – et fondateur de l’événement lui-même et de sa réception.». Mai 68, au croisement de plusieurs points nodaux d’histoires – histoire de la photographie, histoire des médias, Histoire – permet sans aucun doute de mesurer l’impact des images dans l’écriture de l’histoire et répondrait ainsi à une partie du programme de ces événements concernant les sciences humaines.

Note

[1] Cet article reprend sous une forme plus condensée un article très détaillé publié dans la revue électronique «Sens-public» en février 2009: http://www.sens-public.org/spip.php?article628

Il correspond, par ailleurs, à un premier stade d’analyse du traitement visuel de Mai 68: à savoir l’analyse des images publiées. Ces travaux de recherches se poursuivent à ce jour, en particulier par un travail d’entretiens avec différents acteurs de l’époque (photographes, éditeurs des agences photographiques ou iconographe, éditeurs presse, rédacteur en chef…).

[2] Thierry Gervais, L’Invention du magazine – La photographie mise en page dans «La Vie au grand air» (1898-1914), «Études Photographiques», 20, juillet 2007, SFP, Paris. Ce numéro est intégralement consacré aux rapports de la presse avec la photographieet correspond à la publication des actes du colloque «La Trame des images – Histoire de l’illustration photographique».

[3] «Études Photographiques», 20, juillet 2007, SFP, Paris, 80.

[4] Seules 4 photographies, soigneusement choisies, sont publiées en double page sur les 24 pages de l’article.

[5] Le décalage de trois semaines entre ce numéro et le précédent s’explique par les problèmes d’imprimerie et de distribution liés aux grèves.

[6] On peut remarquer que cette mise à distance se rejoue encore aujourd’hui avec la prédominance encore très forte de publication de photographies en noir et blanc sur Mai 68. Le numéro de Télérama de ce printemps 2008, hors série Mai 68 – l’héritage, est à ce titre exemplaire. La maquette accorde une grande place à la photographie. Toutes les images sont en noir et blanc et tous les grands noms de photoreporters ou agences de l’époque sont représentés.

[8] ««Paris Match»», 998, 22/06/1968, 3. Nous soulignons.

[9] Ibid., 4. Nous soulignons.

[10] En entendant ces cris «de Gaulle démission», François Mitterrand, comme la plupart, est convaincu que de Gaulle, «l’homme seul» devant les ouvriers en colère, est acculé effectivement à la démission, qu’il y a maintenant un vide politique, et qu’il faut le remplir le plus tôt possible». «Paris Match» n°998 du 22/06/1968, 4. Nous soulignons, l’expression faisant directement écho au slogan scandé lors de la manifestation de soutien à de Gaulle du 30 mai: « de Gaulle n’est pas seul».

[11] «Nous conseillons à nos lecteurs de conserver ces pages pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Jamais encore l’Histoire n’avait suivi de plus près l’actualité.» «Paris Match» n°999 du 29/06/1968, 87. «Les événements que relatent ces pages, comme celles de notre numéro précédent, appartiennent déjà à l’Histoire. Nous conseillons à nos lecteurs de les conserver pour eux-mêmes et pour leurs enfants», «Paris Match», 1000 , 06/07/1968, 73.

[12] «Paris Match», 1000, 06/07/1968, 4. Nous soulignons.

[13] Claude Cookman conclut: «The photographs have coherence, as individual story-telling images and, collectively, as an extended narrative» dans son article Gilles Caron and the May 1968 Rebellion in Paris, in «History of Photography», volume 31, Autumn 2007 (volume 3), Editions Routlegde, 258.

[14] Expression de Vincent Lemire et Yann Potin. Pour prendre, plus particulièrement, connaissance des recherches de Vincent Lemire et Yann Potin, voir: une de leur intervention intitulée « Un regard différé sur Mai 68. Le legs photographique des correspondants du journal L’Humanité» [cliquer sur "consulter le document"] ici: http://ssbib.ck.bpi.fr/cgi-bin/bestn?id=&act=15&rec=18&auto=0&nov=1&t0=lemire&i0=9&s0=5&v1=0&v2=0&v3=0&sy=0&ey=0&scr=2&line=7. Ce colloque «Mai 68, le temps de l’histoire» organisé par Antoine de Baecques et Emmanuelle Loyer, à la Bibliothèque publique du Centre Pompidou (le Samedi 16 février 2008 à Pari) est lui en effet disponible en ligne sur le principe de l’enregistrement sonore: http://www.cnac-gp.fr/Pompidou/Manifs.nsf/0/86FCC0EB5AE23082C12573B5004F0A8E?OpenDocument. Les correspondants-photographes de L’Humanité: un regard différé sur les années 1968, dans Mai 68, Une Histoire collective [1962-1981], sous la direction de Philippe Artières et de Michelle Zancarini-Fournel, La Découverte, Paris, 2008, 165-172 et le cahier central de photographies. Voir en outre un point de plusieurs de leurs interventions et les liens web: http://lhivic.org/atelier/?p=190