Introduction
Au cours des trois décennies qui suivent le règlement du second conflit mondial, l’extrême droite italienne fait figure d’exemple pour ses voisins étrangers. Solidement structurée et bénéficiant d’une audience sans équivalent en Europe, elle s’organise principalement, et ce jusqu’au début des années 1980, autour du Movimento sociale italiano (MSI) [Ignazi 1998; Tarchi 1995; Parlato 2006]. Créé en décembre 1946, le MSI rassemble une multitude de groupes, mouvements, partis, fronts créés au sortir de la guerre et se réclamant de manière plus ou moins explicite du régime fasciste. S’il ne participe à aucun gouvernement dans l’après-guerre, le MSI est toutefois loin d’être une force négligeable dans le paysage politique italien. De 1953 à 1968, il recueille, lors des élections législatives, une moyenne de 5,5 % des voix à l’échelle nationale, tandis qu’en 1972, il atteint le score historique d’environ 9% des suffrages. Toutefois, ces données ne reflètent pas les disparités géographiques qui caractérisent l’implantation du MSI et plus généralement de l’extrême droite dans la péninsule. Les deux principaux groupes extraparlementaires italiens, Ordine nuovo et Avanguardia nazionale [1], véritables pôles d’attraction pour plusieurs générations de militants qui ne se reconnaissent pas dans la politique du MSI, sont, comme ce dernier, essentiellement implantés dans le Latium, dans le Sud de la péninsule, en Sicile. Ils possèdent également quelques bastions en Vénétie – Padoue par exemple – et dans les grandes villes du Nord telles que Milan.
L’extrême droite est marquée, des années 1950 au début des années 1980, par le recours à l’action violente comme mode d’action politique à part entière, conformément aux héritages politiques et aux figures tutélaires dont elle se réclame ainsi qu’à son positionnement anti-intellectualiste. Cette violence politique, d’intensité variable, va de l’affrontement de rue contre les gauchistes ou les forces de l’ordre (essentiellement durant la deuxième moitié des années 1970), au terrorisme des stragi, qui nourrissent, dans les représentations et mentalités collectives, l’image d’une extrême droite par nature, violente [Rao 2006; 2008].
Or, en matière de militantisme et d’engagement politique, les comportements sont eux alimentés par les discours. Étudier les théories de la violence politique à l’extrême droite, implique de s’intéresser aux pratiques langagières, à l’idéologie, aux référents historiques, culturels et symboliques qui, aux yeux des militants, légitiment, au moins au sein du groupe, l’action violente. En effet, le sentiment identitaire matriciel qui définit l’extrême droite parlementaire et extraparlementaire italienne et la conduit à former une communauté ghettoïsée au sein d’un système dont elle réfute la légitimité, est fondamental pour comprendre les dynamiques violentes qui l’animent [Germinario 2005].
Conformément à l’approche de Philippe Braud reprise par François Audigier et Pascal Girard, nous intégrerons à notre étude sur ces théories de la violence politique à l’extrême droite, non seulement les violences «physiques», «tangibles» (celles des coups portés et reçus) et «matérielles» mais également, «la violence des discours, des mots, des images, des postures» [Audigier, Girard 2011, 9]. En effet, comme le souligne François Audigier, «en matière de violence, il existe une effectivité des mots, le discours est agissant» [Audigier, Girard 2011, 10]. Le discours, comme l’action violente ne peuvent toutefois pas être dissociés du contexte dans lequel ils ont été produits et c’est dans une perspective diachronique que nous nous attacherons à historiciser le phénomène: un contexte de guerre froide et d’émancipation des peuples colonisés qui nourrit un imaginaire, des représentations fantasmées et un discours d’extrême droite sur l’Autre, au sein d’une société italienne fortement clivée politiquement et idéologiquement [Jesi 1993]. Outre le contexte international et national, il conviendra également de rappeler les phénomènes d’héritages et de recompositions – idéologiques, politiques, militantes et générationnelles – qui affectent l’extrême droite durant la période. La deuxième moitié des années 1970 voit en effet une nouvelle génération de jeunes militants entrer en politique. Marqués par le mouvement de 77, ils se placent en rupture avec le MSI et avec certains héritages traditionnels de l’extrême droite d’après-guerre. Ils témoignent également de l’influence du discours d’extrême gauche sur la rhétorique et les pratiques violentes d’une frange de l’extrême droite [Guerrieri 2005].
Si l’on considère, avec Michel Foucault, que la politique est l’exercice de la guerre par d’autres moyens, on se trouve alors, lorsque l’on traite de la violence politique, au cœur du patrimoine culturel, idéologique et politique de l’extrême droite [Catanzaro 1990]. Les formations politiques parlementaires et extraparlementaires qui la composent développent en effet avec la violence militante une «relation forte, presque identitaire, la transformant en pratique militante à part entière» [Audigier, Girard 2011, 17].
Le discours porté par ces groupes s’articule autour de grands thèmes qui témoignent de la prégnance d’une violence symbolique et verbale constitutive de l’identité même de l’extrême droite et qui justifient le recours régulier à la violence physique. La défense d’un anticommunisme viscéral, la dénonciation du système démocratique capitaliste et bourgeois et le rejet de la République résistancialiste italienne, la défense de l’Occident, portée par un discours raciste et antisémite, constituent l’armature idéologique du discours violent partagé par l’ensemble de l’extrême droite d’après-guerre.
C’est sur le décalage entre le discours et ses pratiques que nous porterons notre attention.
Dans un premier temps, il s’agira d’étudier les théories et modèles d’extrême droite porteurs d’une violence verbale et symbolique. Ensuite, nous nous pencherons sur les vecteurs et supports de ces théorisations: revues, groupes et maisons d’édition. Enfin, nous étudierons les légitimations théoriques des pratiques politiques: la construction d’un martyrologe.
Théories et modèles d’extrême droite: violence verbale et symbolique
Le «mythe» fasciste constitue, pour les extrêmes droites italiennes nées de la défaite de 1945, un ressort puissant d’explication du réel et de mobilisation militante [Tarchi 2006, 115-135]. Les résonances affectives portées par l’action violente du fascisme, de ses acteurs, de ses combats, de ses récits façonnent profondément les représentations militantes de l’extrême droite italienne et sa façon d’appréhender et de dire la violence. L’imaginaire politique de plusieurs générations de militants appartenant aux extrêmes droites parlementaires et extra-parlementaires est pétri, au moins jusqu’au milieu des années 1970, de références au fascisme et, plus spécifiquement, à la violence de celui-ci. L’implication personnelle de certains membres du MSI et d’Ordine Nuovo au sein des institutions du régime fasciste ou de la République de Salò, la prégnance d’une éducation reçue sous le Ventennio marquent profondément cette première génération qui forme les instances dirigeantes et représentatives des extrêmes droites italiennes dans l’après-guerre.
Une construction identitaire marquée par l’héritage combattant des luttes fascistes
Comme le soulignait Franco Ferraresi, la «source principale de matériel mythique» pour l’extrême droite des années 1950 aux années 1970 est celle du «fascisme historique, mais de façon sélective» [Ferraresi 1995, 70]. Pour Philippe Braud, «le travail de mémoire […], nécessairement sélectif (…) crée en creux la catégorie de ce qui est oubliable parce qu’insignifiant ou embarrassant» [Braud 1996, 95]. De ce point de vue, l’extrême droite italienne «a toujours préféré la pulsion révolutionnaire du fascisme à sa dimension restauratrice et ordinatrice, cette dernière étant considérée comme le signe que le fascisme s’était rendu aux intérêts constitués» [Ferraresi 1995, 64].
Marqués par le choc de la défaite de 1945 et par l’effondrement du fascisme républicain, les militants d’extrême droite entretiennent une relation sentimentale structurante à l’égard des combats «héroïques» des combattants de Salò, de la Xa Mas du prince Borghese, de la légion Charlemagne, de ceux qu’ils considèrent comme leurs frères d’armes et dont ils se doivent de poursuivre le combat pour une Europe unie. La charge affective liée à l’évocation de la RSI qui renvoie au «mythe légionnaire», à cet «ordre de combattants et de croyants», ne peut que demeurer constitutive d’un imaginaire violent, caractéristique d’une identité en tension.
C’est un fascisme combattant qui est exalté: le squadrisme de 1919-1920, les guerres coloniales menées par la figure héroïsée de Rodolfo Graziani et la RSI. La figure mussolienne encensée dans les colonnes d’«Ordine Nuovo» et du «Secolo d’Italia» jusqu’à la fin des années 1960 est celle du militant révolutionnaire [2], le promoteur du squadrisme du début des années 1920, le conquérant de la corne de l’Afrique, et le chef de la RSI. «Il Secolo» exalte d’ailleurs bien davantage [3] la figure mussolinienne qu’«Ordine Nuovo», qui lui offre une place somme toute relativement restreinte dans ses numéros. Dans le quotidien du MSI, c’est un Mussolini «protecteur des juifs» [4] qui est célébré durant le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem [5], alimentant ainsi le «mythe du bon italien» [6] [Bidussa 1993] créé dans l’après-guerre et unanimement partagé, à droite comme à gauche, par les forces politiques italiennes. La figure du révolutionnaire, de la chemise noire, du Mussolini fondateur des fasci italiani di combattimento [7] et instigateur de la «Marche sur Rome» [8] est portée aux nues. Il est présenté, grâce au rappel du thème de la «victoire mutilée», comme le défenseur de l’honneur de la patrie italienne [9]. C’est également le «martyr» de «l’Idée» qui est célébré et dont la mort est transfigurée puisqu’ «il [serait] possible de tuer un homme, pas une Idée» [10].
À la figure de Mussolini, sont en outre associés et quasiment identifiés les combattants de Salò. Cette mystique du combat perdu et héroïque de la RSI est réinvestie et réactualisée tout au long des années 1960, notamment grâce au combat OAS [Rossi 2010, 21-39]. Étonnamment, le passé fasciste italien, guerrier, colonial, se dit davantage dans les colonnes du Secolo que dans celles de revues émanant de groupes plus radicaux. Ce décalage s’explique sans doute par la volonté du MSI de se rattacher symboliquement au passé fasciste. Il trouve également un élément d’explication dans l’influence qu’exerce, sur un groupe tel qu’Ordine Nuovo, davantage enclin à se les réapproprier, les référents mythiques du national-socialisme. Les ordres chevaleresques des chevaliers teutoniques, le Saint Empire romain germanique, le code traditionnel saxon, la division Charlemagne participent de l’exaltation de l’Europe d’Hitler qui aurait «représenté la volonté d’unification du continent contre les intrigues anglaises et la menace russe» [11]. En outre, Ordine Nuovo se réapproprie et fait sienne la devise SS, «Notre honneur est fidélité». Un bulletin non daté mais datable du milieu des années 1960, publié par les sections padouanes des groupes extraparlementaires Avanguardia Nazionale, Ordine Nuovo et le groupe d’Ar [12] se réclame ouvertement de cet héritage et de son action la plus violente et affirme:
Le 8 mai 1945, les soldats du Grand Reich national socialiste cessaient de combattre. Nous, qui, avec orgueil, considérons les héritiers de la République fasciste du Nord, nous entendons nous souvenir des magnifiques camerati allemands en publiant le dernier bulletin de guerre du Commandement suprême allemand: mus non par un sentiment – absurde tout autant que stérile – de nostalgie, mais par la fidélité à ces valeurs que les hommes de l’Axe cherchèrent, il y a vingt ans, à réaliser au sein du NOUVEL ORDRE européen. […]. Nous adhérons DE FAÇON INCONDITIONNELLE aux termes ideologiques de la lutte au sein de laquelle périrent le Régime fasciste et le IIIe Reich.
Les vainqueurs ne doivent pas se bercer d’illusions, pour nous avoir écraser sur le plan de la force militaire et politique.
Vingt ans après, nous avec tous ceux qui ont été divisés par les démocraties bourgeoises et bolchéviques: NOUS RESTONS DEBOUT [13].
L’exaltation de la figure de Mussolini, mais également de celles qui constituent un panthéon étranger et alternatif pour l’extrême droite italienne, telles que Corneliu Codreanu (garde de fer roumaine), Léon Degrelle (rexisme belge), Jose Antonio Primo de Riveira, Otto Skorzeny, tous étroitement liés aux expériences fascistes européennes font l’objet d’une profonde admiration et contribuent à nourrir le discours violent de l’extrême droite. À travers ces personnages, la fidélité à la parole donnée, la totalité de l’engagement, la foi en l’Idée sont célébrées et elles contribuent à constituer un modèle de «soldat politique» conçue comme une «forme supérieure d’affirmation de soi» [Braud 2004, 42].
En vertu d’un idéal aristocratique assumé, le soldat politique d’extrême droite est présenté, en défenseur héroïque de la camaraderie, d’une éthique de la foi et du sacrifice. En 1960, la section padouane du FUAN, organisation universitaire du MSI publie des extraits de textes fondateurs du fascisme [14]. Les vertus régénératrices de la guerre sont rappelées et la référence à un idéal viril systématiquement invoqué tandis que dans une perspective sorélienne, la violence est perçue comme un processus créateur. L’action est parée, tout au long de notre période, de vertus purificatrices [15] tandis qu’un sens supérieur est conféré à la mort qui découlerait de l’affrontement violent. Le combat n’est jamais tant célébré que lorsqu’il est perdu d’avance. En 1955, Pino Rauti écrit ainsi à ce propos: «un bon combattant n’est pas celui qui lutte sachant qu’il va gagner, mais celui qui sait rester à sa place, même quand la bataille est perdue» [16].
La dimension sacrificielle du combat mené et son héroïsation comportent un rôle mobilisateur fondamental pour toutes les générations qui se succèdent au sein de cette extrême droite minoritaire et ghettoïsée, des années 1950 au début des années 1980. Outre ces référents idéologiques et politiques, ces figures tutélaires qui nourrissent l’imaginaire violent d’extrême droite, la violence politique est également pensée par les principaux théoriciens, idéologues de l’extrême droite d’après guerre: Evola et Freda.
Evola et Freda: la violence du discours des idéologues
L’itinéraire politique d’Evola illustre l’intensité de la violence du propos élaboré par ce philosophe, né en 1898, antimoderne et traditionaliste, dont les thèses occupent une place centrale dans la définition de l’antisémitisme fasciste [Germinario 2001]. Théoricien d’un antisémitisme «spirituel», il est le fervent défenseur d’une supposée «aryanité» des Italiens durant les années 1930 et participe aux principales publications racistes fascistes. Il rédige notamment l’introduction à l’édition de 1937 des Protocoles des Sages de Sion [17] avant d’être intronisé idéologue «officiel» du régime. Il publie en 1950 son ouvrage Orientamenti [Evola 1950] destiné aux jeunes «qui ne s’étaient pas laissés entraîner par l’écroulement général» puis, en 1953, un essai intitulé Gli uomini e le rovine [Evola 1953] dans lequel il prône la mise en place d’un État organique au sein duquel le politique primerait sur l’économique. Il défend une conception antibourgeoise, héroïque et guerrière de la vie qu’il expose notamment dans son ouvrage publié en 1961, Cavalcare la tigre [Evola 1961], dénonçant la crise de la société européenne. Evola affiche un mépris assumé pour le peuple au nom d’un antiégalitarisme qui nourrit son refus de la démocratie. Il défend en effet une organisation élitiste, organique et hiérarchique de l’État fondé sur le concept d’Ordre défini comme une «mystique union d’hommes supérieurs» [Ferraresi 1984, 25].
Disciple d’Evola, Freda contribue, à partir de 1963, à donner un cadre théorique à la violence physique militante qui constitue un référent fondamental pour l’extrême droite extraparlementaire, durant les années 1970. De ce point de vue, Freda fait figure de passeur générationnel, contribuant notamment à la vulgarisation de la pensée d’Evola. Mais il s’oppose fermement à une interprétation défaitiste du concept d’apolitia développé par Evola [Evola 1961], c’est à dire le refus de s’insérer dans le système politique de l’époque: il comprend l’engagement politique comme une «forme de vie héroïque», de «guerre sainte». On trouve en germe, dans la critique de Freda de Chevaucher le tigre, la mise en pratique effective d’une action subversive antibourgeoise, antisystème, exprimée clairement dans La désintégration du système, dont l’apport théorico-doctrinal est fondamental pour l’extrême droite en ce qu’il participe de son «décloisonnement idéologique» [Lebourg 2010, 45]. Un bref rappel chronologique est ici nécessaire pour comprendre dans quel contexte s’inscrit la parution de l’ouvrage majeur de Freda La désintégration du système [Freda 1969]. L’année 1969 est marquée en Italie par la poursuite des contestations estudiantines et ouvrières de «l’automne chaud» et par la recomposition politique et idéologique de l’extrême droite.
L’élaboration doctrinale de Freda, son discours antibourgeois, sont progressivement complétés par un discours anticapitaliste nourri d’un antisémitisme féroce qui, constitue un passage fondamental dans son itinéraire, comme le souligne Franco Ferraresi [Ferraresi 1995, 102]. À partir de 1968, alors que «l’affrontement entre la droite radicale et l’extrême gauche devient net» [Panvini 2009, 41], Freda devient le principal penseur italien d’une idéologie qualifiée par ses détracteurs, de nazi-maoïste. Il se réapproprie en effet certaines thèses de la pensée révolutionnaire de gauche et envisage d’en faire une synthèse avec la pensée révolutionnaire de droite, dans une stratégie de lutte contre le système. L’Europe serait, selon ses propos, «esclave des Etats-Unis et de l’URSS» [Freda 1969, 10]. Il propose non seulement un discours antibourgeois mais également anticapitaliste, et il formule l’hypothèse d’une solidarité théorique avec l’extrême gauche, en lutte contre le «système». Guido Panvini souligne, à propos de cette stratégie qu’il n’est pas évident de tracer une «ligne de démarcation nette entre une réelle stratégie révolutionnaire et la mise en scène d’une provocation» [Panvini 2009, 100].
Freda inscrit son action au sein d’une logique subversive et appelle à la destruction du système par la lutte violente. Dans la deuxième moitié des années 1970, il a ainsi indéniablement contribué à l’accentuation des tensions politiques en donnant à une génération de jeunes militants d’extrême droite une réponse – l’appel révolutionnaire à la subversion du système – à des aspirations violentes que le MSI, parti parlementaire, ne pouvait et ne réussissait plus à contenir. Freda est l’un des seuls «leaders historiques» qui conserve du crédit et une influence auprès de la jeune génération d’activistes qui, entrée en politique très jeune – souvent dès 14 ou 15 ans, passe à la lutte armée dans les années 1977-1978. L’approche générationnelle est ici particulièrement pertinente. Ces militants impliqués dans la lutte armée contre l’État se placent en effet en rupture avec la génération précédente, tout en se réappropriant une partie du discours d’extrême gauche, celui du «spontanéisme armé» [Ferraresi 1995, 283] porté notamment par les Nuclei armati rivoluzionari dont les activistes ont été formés politiquement au sein du FUAN de via Siena à Rome [18] [Ferraresi 1995, 306; Bianconi 2005; Cingolani, 1996].
L’extrême droite italienne se réapproprie, dans l’après-guerre, des mythologies fascistes qui contribuent à la formation d’une culture politique qui offre aux discours et pratiques violentes une place de choix. L’itinéraire intellectuel et politique d’Evola, figure tutélaire majeure de l’extrême droite italienne d’après guerre est indissociable des formes les plus radicales de l’expérience et de l’idéologie fasciste. En diffusant, simplifiant et critiquant la pensée évolienne, Freda propose, dans les années 1970, aux jeunes militants des franges les plus radicales de l’extrême droite italienne un modèle violent de subversion du système: son ouvrage La désintégration du système constitue un jalon théorique fondamental pour la génération qui fait, à l’extrême droite, le choix du passage à la lutte armée dans la deuxième moitié des années 1970.
Revues, maisons d’édition, tracts et bulletins internes et violence politique: diffuser un discours violent
Si la diffusion de modèles d’actions politiques et de discours violents est assurée par ces théoriciens d’extrême droite, elle l’est également par les revues et maisons d’édition étroitement liés aux groupes extraparlementaires de droite, principaux supports de la théorisation de la violence politique, auxquels s’ajoutent l’apport des bulletins internes de certaines organisations, ou encore les tracts revendiquant des attentats, essentiellement à la fin des années 1970. Il s’agit en effet de légitimer, par la force du discours, le recours à l’action violente.
Fortement influencées par Evola et par la RSI, les publications du groupe Ordine Nuovo [19] offrent, entre 1955 et 1959 une place particulière aux articles traitant de la race, du racisme et de l’antisémitisme, elles se distinguent en cela de celles du MSI, qui, loin d’assumer l’héritage idéologique antisémite fasciste, défendent le «mythe du bon italien». Le racisme est défini comme une lutte entre deux mondes, le «monde asiastico-sémite et le monde indo-germanique» [20], conceptions qui relèvent de ce que Pierre-André Taguieff a appelé la «vulgate racialiste diffusée à la fin du XIXe siècle, fondée sur l’antithèse entre sémites et aryens» [Taguieff 2002, 26]. Entre 1955 et 1960, les auteurs de la revue usent de tous les stéréotypes antisémites pour dénoncer la prétendue subversion juive. Le révolutionnaire, le banquier, le capitaliste juif, «l’internationale judéo-maçonnique» sont par la suite remplacés, à la faveur des indépendances nationales africaines et asiatiques, par une haine raciste qui se structure davantage autour de la dénonciation du spectre afro-asiatique. À partir de 1960, les articles sur la «menace» afro-asiatique, sur le «racisme nègre» [21], les réflexions sur la colonisation et le colonialisme, sur l’impérialisme, sur le soutien aux luttes européennes en Afrique ainsi que sur le combat pour la défense de l’Occident occupent une place centrale au sein de la revue. Par un déplacement rhétorique habile qui voit «l’Algérie française» transformée en «Algérie européenne», Ordine Nuovo se réapproprie le combat OAS, et contribue à alimenter, en Italie, le mythe du légionnaire, le mythe du «para». Le mythe OAS, doublé de celui des «paras» de la Légion étrangère, perdure dans les années 1960 et sa postérité s’étend jusque dans les années 1970 où il réapparaît périodiquement dans les publications et tracts diffusés par les groupes d’extrême droite. La culture du refus qui imprègne les mentalités des militants d’extrême droite et plus spécifiquement celle des franges extra-parlementaires de ce milieu explique en partie l’adhésion au mythe et l’écho qu’il trouve dans ses périodiques. La notion de résistance, qui se manifeste plus particulièrement à l’égard du «système», est ainsi au cœur de la construction politique et culturelle des individus qui gravitent au sein de l’extrême droite [Picco 2013, 152-201].
Ordine Nuovo se réapproprie également la notion d’Eurafrique, l’Afrique étant considérée comme «l’espace vital» [22] de l’Europe. Le groupe reprend à son compte le «problème africain» [23] et refuse «d’abandonner» l’Afrique aux populations indigènes.
Dans une perspective décadentiste évidente, ON développe un discours raciste qui vise à «défendre l’homme blanc» contre «un nouveau Poitiers» [24], tandis qu’il réaffirme son soutien sans failles aux régimes d’apartheid d’Afrique du Sud et de Rhodésie dont ils réfutent le caractère intrinsèquement violent et discriminatoire [25]. C’est donc à une «communauté de combat» du peuple blanc contre le spectre fantasmé de l’invasion afro-asiatique qu’ON se rattache.
Outre la presse, les éditeurs d’extrême droite favorisent la diffusion d’un discours centré sur la violence. Les éditions d’Ar de Freda, dès le milieu des années 1960 puis, au début des années 1970, les éditions Europa de Rauti contribuent ainsi à la traduction et à la diffusion d’un patrimoine idéologique violent. Les Éditions d’Ar réservèrent une place particulière à la traduction d’ouvrages antisémites et négationnistes: Freda joue un rôle majeur dans la diffusion de la pensée négationniste en Italie [Germinario 2001b; Goldstaub 1996] tandis qu’il s’attache à republier les Protocoles des sages de Sion ou le Diario dal carcere de Codreanu [Codreanu 1970] [26]. Codreanu occupe d’ailleurs une place centrale au sein du panthéon militant de la jeune génération militante qui fait de l’action violente un mode d’action politique à part entière à partir de 1978.
Si les maisons d’édition favorisent la diffusion d’un discours qui relève indéniablement de la violence politique, ce sont enfin les tracts de revendication et Quex, le bulletin de liaison entre prisonniers politiques d’extrême droite [Nozza 1983, 267-277] qui participent de la diffusion de modèles théoriques pour une frange militante qui a fait le choix, à la fin des années 1970 de la lutte armée.
Revues, maisons d’édition et tracts participent de la diffusion de discours racistes, antisémites, qui témoignent de la violence de l’idéologie de cette frange radicale de l’extrême droite. Ces groupes sont toutefois loin d’assumer les pratiques politiques violentes qui accompagnent les «mots» qu’ils emploient et l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. Pour le MSI comme pour les groupes extraparlementaires, les légitimations théoriques des pratiques de violence politique s’articulent, après 1969, autour de la construction d’un martyrologe d’extrême droite.
Légitimations théoriques des pratiques politiques: la construction d’un martyrologe (1969-début des années 1980)
L’attentat de Piazza Fontana, le 12 décembre 1969, constitue indéniablement un tournant dans l’histoire de l’Italie d’après-guerre mais également dans l’histoire de l’extrême droite italienne. Dès lors, et jusqu’au début des années 1980, l’extrême droite parlementaire et extraparlementaire légitime le recours à l’action violente par une stratégie de victimisation systématique: condamnée au ghetto politique, l’extrême droite italienne ne s’adonnerait à la violence physique qu’en réponse aux attaques gauchistes et à la répression exercée par un système «pourri», «corrompu et corrupteur».
Parallèlement, le MSI connaît, au début des années 1970, une mutation majeure de son message politique, des symboles qu’il véhicule et mémoires qu’il invoque. La prise de fonction d’Almirante à la tête du parti, suite à la mort de Michelini au printemps 1969, entraîne la transformation du MSI «d’un parti parlementaire, fluide et somnolent», en un «parti militant qui mise tout sur la mobilisation constante et sur sa capacité à contrôler la rue» [Ignazi, 1998, 145]. Le parti entretient, à l’égard du système politique, comme de l’usage politique de la violence, un rapport fondamentalement ambigü: il se définit comme une «alternative au système» tandis qu’il participe aux consultations électorales et bénéficie de représentants à tous les échelons de la vie politique nationale; il exalte ses militants au courage et insiste sur la nécessité de contester la domination de la rue par les forces de gauches mais se défend d’exalter le recours à la violence. C’est en réalité le tiraillement d’un parti entre insertion dans un système parlementaire et une aspiration révolutionnaire toujours invoquée, jamais abandonnée et qui implique l’usage de la violence qui est ainsi mise à nue. Les discours de Giorgio Almirante, au moins au début des années 1970, reflètent cette ambigüité constitutive d’une identité écartelée. Lors du cours de formation des jeunesses du parti organisé par le MSI à Cascia en 1970, Almirante aurait, lors de son discours d’ouverture adopté «un ton explicitement révolutionnaire, justement pour donner la preuve à certaines forces économiques du Nord que le MSI est prêt à se battre dans les rues» [27], contre les forces de gauche. Almirante aurait en effet déclaré que «pour barrer la lutte au communisme, il n[e serait] plus possible de s’en remettre au consensus électoral, qui demeure désormais stationnaire, mais il [serait] nécessaire de passer à l’action directe avant que d’autres ne le fassent» [28]. Il ajoute qu’une telle action devrait «conduire à une véritable “révolution” qui fasse jaillir des résultats analogues à ceux acquis en Grèce, Espagne et Portugal» [29]. Le leader italien affirme alors «l’intention du MSI d’adopter, à partir de maintenant, des positions d’action révolutionnaire officielle, en faisant siennes les aspirations des groupes les plus fervents de l’extrême droite, jusqu’ici désunis, au moins en apparence» [30]. Almirante, dont la teneur du discours a été diffusée au delà du cercle restreint militant, nuance et adoucit ses propos quelques jours plus tard, «suscitant des doutes sur la sincérité de ses précisions». Il s’attache à redéfinir la «“révolution”», terme qui ne désignerait pas «un soulèvement violent de masse ou des expériences de type “squadriste”». Il envisagerait la révolution «dans le sens plus strictement politique et organisationnel du terme, c’est à dire un renouveau moral» pour le pays et sa jeunesse [31]. L’auteur de la note du Servizio per le Informazioni e la Sicurezza Militare (SISMI) souligne le «changement de langage du parlementaire et ses précisions plus modérées» qui ont «donné l’impression qu’il a été frappé par les réactions négatives suscitées dans l’opinion publique et dans les milieux politiques par ses drastiques affirmations précédentes» [32]. C’est toute l’ambigüité du rapport du MSI à la violence, invoquée en privé, réfutée en public, qui apparaît ici.
L’ambiguïté fondamentale du parti à l’égard de l’usage de la violence ne l’empêche pas de se doter, dès 1963, d’une structure militante paramilitaire officiellement destinée à défendre les membres du parti lors des manifestations et autorisée à faire usage de la violence. L’existence des volontari nazionali est symptomatique de la double ambivalence du MSI à l’égard de l’action violente et à de ses franges extraparlementaires [33]. Dirigée par Alberto Rossi, cité en première partie, la nouvelle organisation «naquit sur l’impulsion explicite du secrétaire national Michelini avec un double objectif: disposer d’une structure apte aux affrontements de rue, aussi bien sur un mode défensif qu’offensif, et constituer une sorte de “garde prétorienne” directement à ses ordres, service d’ordre lors des congrès» [34]. La vacance du pouvoir suscitée par la maladie de Michelini permet aux volontari nazionali de s’adonner à l’envi à l’usage de la violence, avant la reprise en mains opérée par Almirante dès son accession au secrétariat du parti. Ce dernier s’attache, tout en affirmant sa volonté de contrôle, à les renforcer et il donne, pour ce faire, «la charge au prof. Signorelli, [personnalité subversive s’il en est au sein de l’extrême droite italienne] d’organiser des équipes spéciales et secrètes, avec pour mission d’effectuer des actions de représailles» [35]. C’est donc bien une structure spécifique, théoriquement dédiée à l’exercice de la violence que promeut Almirante. Sans prétendre faire du MSI une centrale du terrorisme noir, il n’est pas exclu qu’une partie des militants d’extrême droite qui passent à la lutte armée dans les années 1970 aient bénéficié de la formation violente des volontari nazionali.
Almirante se défend des accusations qui portent sur l’extrême droite et son usage de la violence en faisant des distinctions de vocabulaire qui paraissent peu convaincantes. Aux «guerriers» de gauche, il oppose les «combattants» de droite qui se réclament de la tradition de «l’arditismo», en opposition avec le «vandalisme et le terrorisme». Selon lui, «l’arditismo [serait] volontaire non mercenaire, […] ouvert non clandestin, choral et non massifié ni individualisé; […] libre non esclavagiste; il [serait] généreux et courageux, il ne se dédie[rait] ni à la méthode de la violence systématique, ni à l’embuscade, au vandalisme, au terrorisme». Si Almirante constate qu’une «véritable guerre civile» est en cours dans le pays, il défend ses jeunes militants d’en être responsables par un subterfuge rhétorique plus que douteux [36]. L’état de «guerre civile» supposé dans lequel se trouverait l’Italie lui permet en effet de justifier les actions violentes perpétrées quotidiennement à Milan ou Rome par ses militants les plus actifs.
En outre, la violence, est systématiquement théorisée comme défensive tout en en appelant à l’exaltation d’un idéal viril constitutif de la construction identitaire d’extrême droite. Imputer la violence au système participe d’un processus de victimisation prégnant dans la rhétorique et l’idéologie d’extrême droite, nourri par l’idée que les gauchistes bénéficieraient des protections judiciaires ou étatiques. En décembre 1969, un bulletin interne d’Ordine Nuovo redéfinit la violence en «contre-violence de droite» destinée à pallier les carences de la défense mise en place par l’État contre l’extrême gauche. Le texte ajoute «par rapport à d’autres, dans le milieu de la criminalité politique et sociale, nous sommes des débutants, timides et ingénus qui ont encore beaucoup, mais beaucoup à apprendre!» [37]. Le texte n’est pas dénué d’une certaine ironie lorsque l’on sait que ce sont de véritables arsenaux qui furent saisis en 1966-1967 par la police italienne dans le Nord de l’Italie auprès de militants d’Ordine Nuovo [38] et que le groupe fut directement impliqué dans la strage de Piazza Fontana en 1969. L’arrestation de Freda puis de Rauti sont ensuite dénoncées comme les effets de la persécution du système. C’est donc au prix d’un renversement rhétorique et symbolique particulièrement ignoble que l’extrême droite tente de se disculper des accusations qui pèsent, à juste titre, sur elle.
En réponse à cette persécution d’un «antifascisme militant» et à la ghettoïsation dont ils s’estiment les victimes, l’extrême droite construit progressivement, tout au long des années 1970, un véritable martyrologe qui viserait à rappeler, face aux silences du système, les victimes oubliées du système et du gauchisme. C’est un panthéon militant qui se constitue et qui devient, à la fin des années 1970, en vertu du principe «la vendetta è sacra», l’un des ressorts fondamentaux de l’action violente [39]. Les tracts de revendication d’homicides perpétrés par les Nar de 1978 à 1982 témoignent de l’importance de la vengeance et des relations personnelles comme moteurs de l’action violente. Le tract diffusé suite à l’assassinat du magistrat Mario Amato est sur ce point, tout à fait explicite. Ses auteurs expliquent en effet qu’ «étant donné [leur] nombre», «le maximum qu’[ils] puiss[ent] faire est de venger les camerati tués ou en prison […] parce que la vengeance est sacrée» [40]. La nature des actions violentes perpétrées par les Nar et leur justification diffèrent donc sensiblement de celles des générations précédentes.
L’extrême droite, parlementaire et extraparlementaire est marquée, des années 1950 au début des années 1980, par la prégnance de discours et de pratiques violentes, qui sont fondamentalement constitutifs de son identité. Tandis qu’elle se réapproprie un héritage fasciste particulièrement violent, elle se réfère également, sur le plan organisationnel, aux modèles de l’OAS ou, plus tard, à celui du Cuib de Codreanu [41]. Si le discours et l’action violentes sont relativement assumés par les militants de ses franges extraparlementaires, comme en témoigne l’exemple d’Avanguardia Nazionale ou d’Ordine Nuovo, dans son soutien aux luttes des peuples de «race blanche», il n’en va pas de même au sein du MSI, qui s’attache progressivement à se détacher de l’héritage fasciste et se pose en parti de l’ordre. Cette stratégie électorale est toutefois mise à mal par l’ambiguïté fondamentale que le parti entretient avec la violence, systématiquement théorisée dans sa version défensive. Malgré ces efforts de théorisation opérés par le parti au début des années 1970, et les prouesses rhétoriques d’Almirante, le parti voit ses franges les plus radicales lui échapper et faire de la lutte armée, la principale expression de sa violence politique.
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Note
1. Le groupe Avanguardia Nazionale est créé en 1959 par Stefano Delle Chiaie. Il s’auto-dissout en 1965, se reconstitue en 1970 puis est dissous définitivement par le gouvernement italien en 1976. Le centro studi Ordine Nuovo est fondé en 1954 par Pino Rauti. En 1968, il est rebaptisé Centro politico Ordine Nuovo.
2. Per una grande battaglia, «Ordine Nuovo», V (3-4), mars-avril 1959, 129-132.
3. Cette affirmation ne vaut que pour les numéros du «Secolo» que nous avons dépouillés systématiquement (de janvier 1961 à décembre 1968 puis juillet-décembre 1969; janvier-mars 1970; octobre-mars 1972; janvier-avril 1973).
4. Lo ha riconosciuto l’accusa al processo di Gerusalemme: Mussolini salvò la vita a molte migliaia di ebrei, «Il Secolo d’Italia», 19 avril 1961; Salvati dall’Italia gli ebrei in Croazia, «Il Secolo d’Italia», 10 mai 1961, 8; La verità sull’atteggiamento italiano nella questione ebraica, 12 mai 1961, 5; Eichmann: Gli italiani erano contrari alla persecuzione contro gli ebrei, 4 juillet 1961, 5; L’Italia e gli ebrei nelle testimonianze d’Israele, «Il Secolo d’Italia», 5 juin 1962.
5. Le procès d’Adolf Eichmann, dignitaire nazi, se tient d’avril 1961 à mars 1962. Il se solde par la condamnation à mort de l’accusé.
6. L’expression désigne la propension à présenter les Italiens comme collectivement exempts de toute responsabilité dans la persécution antisémite du fait de leur prétendu humanisme naturel. Mis en place dès la Libération, ce mythe n’a été véritablement remis en question qu’à partir de la fin des années 1980 en Italie: Bidussa 1993.
7. 23 marzo 1919: fondazione dei fasci italiani di combattimento, «Il Secolo d’Italia», 23 mars 1968, 3. Les faisceaux italiens de combat sont fondés à Milan le 23 mars 1919 par Mussolini.
8. XXVIII ottobre, «Il Secolo d’Italia», 27 octobre 1963, 3.
9. La vittoria mutilata: Mussolini attacca duramente l’opera di Orlando, «Il Secolo d’Italia», 22 octobre 1964.
10. Il giorno del Suo martirio, «Il Secolo d’Italia», 28 avril 1966, 3.
11. Romualdi Adriano, L’Occidente e i limiti dell’occidentalismo, «Ordine Nuovo», I (2), 1970, 49-54.
12. Il s’agit du groupe créé par Franco Freda à Padoue en 1963.
13. Casa della Memoria, Tribunale di Milano, Ufficio Istruzione Sez. 8 - N. 197/72, proc. penale a carico di Freda Franco ed altri, perquisizioni effettuate nello studio di Freda, nella sede delle Edizioni di Ar di Freda, nella dimora di Freda, nella libreria Ezzelino di Padova, busta n. 2, Manifestino della tipografia Bianchi - Padova - Gruppo Ar-Ordine Nuovo-Giovane Europa.
14. Casa della Memoria, Tribunale di Milano, Ufficio Istruzione Sez. 8 - N. 197/72, proc. penale a carico di Freda Franco ed altri, perquisizioni effettuate nello studio di Freda, nella sede delle Edizioni di Ar di Freda, nella dimora di Freda, nella libreria Ezzelino di Padova, Busta 27, Incarto ciclostilato del gruppo universitario S. Marco «La dottrina del fascismo», Padova, Anno accademico 60/61. L’opuscule rassemble des extraits de La dottrina del fascismo, de La carta del lavoro et des 18 punti di Verona.
15. Nous renvoyons sur ce point aux ouvrages de Julius Evola et au bulletin de liaison entre prisonniers Quex.
16. Rauti Pino, Tradizione, reazione e Stato, «Ordine Nuovo», I (2), mai 1955.
17. I protocolli dei Savi anziani di Sion, Rome, La vita italiana, 1937.
18. Nous renvoyons également sur ce point aux travaux de Loredana Guerrieri.
19. Nous nous appuyons sur un travail de dépouillement des périodiques publiés par Ordine Nuovo entre 1955 et 1971: «Ordine Nuovo» et «Noi europa». Nous avons eu accès à la collection complète des numéros de «Noi europa» et avons pu consulter quarante-cinq numéros d’«Ordine Nuovo, mensile di politica rivoluzionaria». Sur la base d’informations recueillies auprès de témoins et à la lecture de la revue, nous avons toutes les raisons de supposer que notre recherche s’est fondée sur l’étude des trois quarts environ des numéros parus.
20. Acquaviva Bruno, Il “mito” razzista del nazismo, «Ordine Nuovo», I (1), 1955, non paginé.
21. Alpino Federico, Il “razzismo negro” minaccia l’Europa, «Ordine Nuovo», VI (2), mai 1960, 68-72; Aryas, Colonialismo e imperialismo nella polemica con il PCI, «Ordine Nuovo», VII, février-mars 1961, 6-10; Graziani Clemente, Letteratura d’avanguardia e crisi della civiltà contemporanea, «Ordine Nuovo», VIII (1), mars 1962, 23-30.
22. Contributo alla battaglia per l’Ordine Nuovo europeo, «Ordine Nuovo», VIII (1), mars 1962, 57-60.
23. Il dramma del Sud-Africa assediato nel continente nero, «Ordine Nuovo», VI (2), mai 1960.
24. Rauti Pino, L’Europa e il terzo mondo, «Ordine Nuovo», X (5-6), juin-juillet 1964, 8.
25. Il dramma del Sud-Africa assediato nel continente nero, «Ordine Nuovo», VI (2), mai 1960; Rauti Pino, L’Europa e il terzo mondo, «Ordine Nuovo», X (5-6), juin-juillet 1964; Sudafrica in armi, «Ordine Nuovo», X (5-6), juin-juillet 1964, 73; Il mondo indoeuropeo, «Ordine Nuovo», I (3), décembre 1970, 63.
26. Il s’agit de la première édition italienne des Protocoles des Sages de Sion publiée après la Seconde Guerre mondiale en Italie. Protocolli dei savi anziani di Sion, Padova: Edizioni di Ar, 1971.
27. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 mod. 21, Relazione di perizia del consulente Aldo Giannuli del 12 marzo 1997, Allegato 299, APP-mi, fascicolo «MSI», Nota confidenziale del 25 settembre 1970.
28. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, «Materiale su Brendao Eugenio, Santos Alberto, Munoz Alvarez», Nota segreta del SISMI, 15 settembre 1970 (Ga71).
29. Ibid.
30. Ibid.
31. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, «Materiale su Brendao Eugenio, Santos Alberto, Munoz Alvarez», Nota segreta del SISMI, 23 settembre 1970 (Ga71).
32. Ibid.
33. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 mod. 21, Relazione di perizia del consulente Aldo Giannuli del 12 marzo 1997, Allegato 167, APP-mi, fascicolo «MSI», Nota da fonte Aristo del 7 novembre 1963.
34. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, Relazione di perizia del consulente Aldo Giannuli del 12 marzo 1997 (incarico del 21 01 1996), 186.
35. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, Relazione di perizia del consulente Aldo Giannuli, 12 marzo 1997, Allegato 182, APP-mi, fascicolo « MSI Volontari nazionali », Nota confidenziale anonima senza data (presumibilmente del febbraio 1971), non protocollato.
36. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, SISMI, ROS Roma, Discorso ai giovani del segretario nazionale Almirante.
37. Casa della Memoria, Tribunale di Milano, Ufficio Istruzione Sez. 8 - N. 197/72, proc. penale a carico di Freda Franco ed altri, perquisizioni effettuate nello studio di Freda, nella sede delle Edizioni di Ar di Freda, nella dimora di Freda, nella libreria Ezzelino di Padova, busta 26, Europa, Bollettino interno del centro studi «Ordine Nuovo» del MSI, I (7), dicembre 1969.
38. Casa della Memoria di Brescia, Procedimento penale n. 91/97 modello 21, MI, DCPP, Archivio di Gabinetto, Lettera «riservata personale doppia busta» del ministero dell’Interno, DGPS, div. AA. RR, Sezione Terza ai signori questori della Repubblica, 17 maggio 1966, (Ga95).
39. Les tracts qui revendiquent les attentats des Nuclei armati rivoluzionari sont sur ce point, particulièrement explicites.
40. Tract de revendication de l’homicide du juge Mario Amato.
41. C’est notamment le cas de Terza Posizione.