Les accapareurs
Charles Gille:
Les accapareurs, 1847
Air de Philoctète
Le grain est cher. L’avide accaparateur
Dans son grenier et l’entasse et l’enserre;
Ses vieux amis: le froid et la misère,
S’en vont heurter au toit du laboureur.
Si nous lassions les riches de prière,
Ils nous rendraient des rires insultants.
Ressuscitons ce refrain du vieux temps:
Guerre aux châteaux! le pain manque aux chaumières.
[…]
La République bourgeoise
Air: Ce n’est qu’un baron qui se noie
Quoi! le volcan a ressaisi sa lave.
C’est aujourd’hui comme c’était jadis :
Bon Parisien, tu redeviens esclave.
Où sont pourtant Philippe et Charles dix?
Tu l’oubliais quand l’intrigue sournoise
De ta victoire a su faire un revers.
Tu dors, Brutus, et Rome est dans les fers
De la république bourgeoise!
Va, ne crains rien, peu de nouveaux spectacles
Viendront frapper tes yeux appesantis,
Et le progrès t’offrira pour miracles
D’autres ventrus et d’autres appétits.
La poule au pot n’est qu’une ombre chinoise
Que par malheur tu verras à l’envers.
Tu dors, Brutus etc.
[…]
Le vieux ouvriers
Air: Comme un fanal qui s’allume et qui brille
[…]
Pour l’artisan, reste une lutte immense
Qu’il soutient seul avec Dieu pour témoin ;
Pour ennemie il a la concurrence,
Les jours oisifs, précurseurs du besoin.
A tant de peine, à tant d’obscur courage,
Ne soit-on pas de vieux jours de bonheur ?
L’humble ouvrier qui s’use à son ouvrage
Vaut le soldat qui tombe au champ d’honneur.
[…][110]
H. Schneider, La république clandestine (1840-1856), 335
Ibid., 310-311
Ibid., 321.